Un matin du mois de mai suivant, j’ai retrouvé mes marques dans la voiture et nous avons repris notre ‘bâton de pèlerin’.
Peu d’escales sur le parcours, notre but était l’Italie avec un programme chargé et minutieusement préparé.
Pas de thème cette fois-ci, quelques références seulement, mais du bonheur pour les yeux à chaque étape.
Après avoir traversé le Tunnel du Mont Blanc nous avons mis le cap sur Milan.
C’était la première fois que je découvrais El Duomo et je dois dire que son image au soleil couchant est restée gravée dans ma mémoire. Tout en dentelle de pierres, légèrement teintée de rose, la troisième plus grande église au monde est majestueuse. Je suis ébloui par sa forêt de flèches, ses statues et son marbre. Le lendemain, à midi, sa façade est d’une blancheur éblouissante. Sa splendeur varie selon les heures du jour.
Les jours suivants nous avons déambulé dans Milan et en particulier dans la chic Galleria Vittorio Emmanuele II, c’est le cœur et l’âme de Milan. J’ai vu aussi la Scala ! Mais je n’ai pas pu pénétrer à l’intérieur de ce beau théâtre lyrique qui était fermé.
Après quelques nuits passées à l’Hôtel Una Casani où l’épaisseur du matelas m’a subjugué et m’a incité à faire des pirouettes et des cabrioles acrobatiques, nous avons sillonné la Lombardie vers le lac de Côme. .
A Como, nous avions un joli logis, gai, spacieux, ensoleillé avec un grand jardin où il fait bon se reposer au retour de nos promenades.
Nous avons visité la ville en commençant par le Duomo e Broletto. Ah ces églises italiennes, même si j’y joue le clandestin je me régale ! Leur baroque me plait, elles ne sont que grandeur ou/et exubérance
Une croisière sur le lac s’imposait. Nous l’avons faite. Ce fut une belle journée avec profusion de photos. Sur les rivages nous apercevions les villes, les villages et les villas, toutes plus belles les unes que les autres dans une succession de poésie.
Les jours suivants nous avons visité ces « petits bijoux » en détails en faisant le tour du lac, cette fois, en voiture.
A Tremezzo ce fut la découverte de la belle Villa Carlotta et de ses jardins. Un vrai bonheur pour les yeux et les narines. Flâner dans les allées nous permet de découvrir des tonnelles d’agrumes, des pergolas d’oranges, des myrrhes en cascade, des azalées gigantesques, c’est le dépaysement total avec des parfums puissants.
Un autre jour, nous sommes partis à Bellagio. Le repas fut un moment privilégié et magique. Le grand hôtel-villa Serbelloni est idéalement placé à la pointe de Bellagio au bord du lac avec vue sur les montagnes encore enneigées à moyenne altitude.
Puis ce fut l’excursion au lac Majeur, romantique et enchanteur enchâssé dans les montagnes.
Là, je marmotte dans mes vibrisses, (traduire je marmonne dans mes moustaches) eh oui, on vient de m’annoncer que je ne suis pas prévu dans l’excursion ! Heureusement que je vais visionner les films, pour ma curiosité et pour vous raconter !
En rentrant, les filles sont enthousiasmées. Elles ont commencé par l’Ile des Pêcheurs. Après avoir arpenté les ruelles typiques avec les façades des maisons très colorées, elles ont mangé au Verbano, face à Isola Bella. Il y eut le moment délicieux d’un menu tout au poisson et d’un tiramisu très conséquent. Depuis 1895, le Verbano a récolté de nombreux témoignages, elles ont reconnu diverses signatures et en particulier celle de Marguerite Yourcenar et Mussolini !
Un petit moment de bateau et les voilà sur Isola Bella. Elles ont été émerveillées par la splendeur du Palazzo Borroméo et par ses jardins étagés sur une dizaine de terrasses. Des fleurs exotiques extraordinaires aux fragrances ensoleillées. Des roses à profusion, des parfums suaves sur fond de ciel bleu intense ! Isola Bella porte bien son nom. Elle est belle et enchanteresse.
Une halte à Stresa (c’est un peu le Deauville italien), juste le temps que les filles fassent leur « pretty women » dans les ruelles anciennes. Elles ont rapporté quelques produits de beauté et en particulier l’Acqua Di Stresa.
Nous sommes restés encore quelques jours à Côme, le temps d’approfondir diverses visites et musées et nous avons cheminé vers Padoue et Venise en traversant des paysages harmonieux.
A Padoue j’ai bien profité de Saint Antoine et de sa basilique.
Et puis il y eut Venise. Unique.
Alors là, Venise c’est quelque chose, surtout pour un matou qui n’aime pas l’eau. Il a d’abord fallu que je m’habitue au Vaporetto !
Je ne parle pas du léger balancement des gondoles qui s’accentue dangereusement quand on amorce le grand canal. !
C’est donc d’une patte un peu chaloupée (je n’ose pas dire gondolée) que j’écris les lignes suivantes. Heureusement le gondolier était un chanteur charmeur, il nous a fait oublier les petits détails marins ! Je suis passé sous le pont du Rialto, et aussi sous le Pont des Soupirs, ce sont les deux plus célèbres qui me restent en mémoire car des ponts on a franchi, dessus, dessous…


Il doit y avoir plus de 400 ponts à Venise. Soyons modestes, je ne les ai pas tous faits !
Un moment précieux est ancré dans ma mémoire c’est la découverte de la Basilique Saint Marc soleil couchant. Les pierres sont mordorées et la façade métissée de traditions occidentales et orientales force l’admiration.
Je savoure aussi cet autre instant attaché à la place Saint Marc : la halte au Caffé Florian (c’est le plus ancien de Venise –1720-), le plus célèbre et le plus luxueux. Les dégustations sont accompagnées d’un orchestre de chambre qui invite les gens à danser sur la célébrissime place.
Un jour je suis sagement resté dans un palazzo au bord du grand canal, pendant que ma maîtresse et son amie sont allées visiter les îles. Murano (c’est l’île des verriers), Burano (c’est l’Ile de la Dentelle et des maisons colorées) et Torcello (pour faire un pèlerinage sur les pas de Tolkien. Eh oui, le célèbre auteur du Seigneur des Anneaux était à Venise en 1955, ville qu’il admire beaucoup, accompagné de sa fille Priscilla, il est allé jusqu’à Torcello.
Comme un proche de ma maîtresse est un spécialiste de Tolkien, elles avaient les références indispensables pour mener à bien cette promenade.
Pendant leur escapade dans les îles elles m’ont donc laissé seul dans la chambre, et je dois confesser que l’idée m’est venue pendant cette journée de solitude de grimper à pic sur les murs tendus de tissus. En effet, ce bel effet moiré m’appelait irrésistiblement. Je dois une fière chandelle à mon self-contrôle, sinon, j’imagine bien les traces de mes belles griffes sur ce beau tissu bien tendu ! C’eut été un chat-crilège ! Comme je cultive la paresse, je me suis sagement assis devant la fenêtre et j’ai regardé défiler gondoles et vaporetti. C’est un ballet incessant, coloré, animé. C’est la vie à Venise, j’y ai rêvé, encore rêvé, si bel et si bien que je me suis endormi dans cette vaste et élégante chambre vénitienne.
Après un petit tour en vaporetto, cette fois je suis aguerri, nous regagnons notre voiture. On traverse la Vénitie, l’Emilie-Romagne, une partie de la Toscane, pour arriver à Florence.
Firenze !
Je suis arrivé à Florence, enchanté par les paysages de la Toscane !
Ne pas oublier, je miaule l’italien couramment, donc, comme ailleurs, rien à Florence ne m’a échappé. L’arrivée à notre hôtel situé au bord de l’Arno, à deux pas du Ponte Vecchio s’est très bien passée. De là nous avons pu admirer cette ville hors du monde et hors du temps. Je m’étais préparé culturellement et intellectuellement à en prendre plein les mirettes pour ne pas passer à côté de l’essentiel. Pari réussi, c’est la ville d’art par excellence. Avant de visiter les musées et les églises, nous avons flâné dans les rues du quartier historique. Là, nous avons découvert le Duomo le plus célèbre de Toscane, le baptistère et la Cathédrale Santa Maria Del Fiore (Sainte Marie des Fleurs).
Un peu plus loin, la Basilique Santa Croce nous a permis de découvrir, entre autres, les tombeaux de Michel-Ange, Galilée, Rossini et l’imposant cénotaphe à la mémoire de Dante.
Florence c’est un bijou, un hymne à la Renaissance, avec des noms prestigieux, Botticelli, Michel-Ange, Donatello. Un moment de bonheur avec des clichés à tout va !
Les filles ont fait la rituelle promenade le long de l’Arno vers le Ponte Vecchio et sa traversée. Ma maîtresse n’a pas résisté à l’appel des belles échoppes !
Puis elles ont cheminé vers la place Michelangelo, la montée est un peu fatigante, mais le panorama en vaut la peine !
C’est la carte postale par excellence avec El Duomo au centre ! Les filles en ramèneront de bien belles photos !
A l’hôtel où nous restions, la cuisine était excellente et italienne. J’ai vu mes deux accompagnatrices se régaler, en particulier d’une mémorable côte de bœuf, arrosée d’un Pépoli digne d’un grand cru.
Le dernier jour, complètement sous le charme de Florence, nous avons fini en beauté en faisant une longue promenade en calèche.
Et puis il nous a fallu quitter cette ville, avec regret, le cœur déchiré, mais notre périple continue et nous rejoignons la côte ligurienne et plus particulièrement Pise.
En arrivant à Pise, je crois que je suis malade, est-ce trop de kilomètres, trop de souvenirs, je ne vois plus correctement ! Pire je vois de travers, la preuve, j’aperçois une Tour penchée. Je suis inquiet !
En fait j’apprends qu’elle s’appelle la Torre pendente et qu’elle penche depuis le 13ème siècle !
En fait je vais bien !
Puisque c’est normal et que c’est même cette particularité que les filles sont venues voir, je profite du panorama.
Le soleil est éclatant et l’ensemble m’éblouit dans les deux sens du terme. Ici tout est blanc, le Duomo, le Baptistère et la Tour penchée. Tout ça sur un campo der Miracoli (champ des miracles) bien vert.
La fin du voyage est presque là, nous avons repris la route vers le Val d’Aoste et nous sommes rentrés chez nous.