Sur les pas de PROUST en NORMANDIE

Dans Impressions de route en automobile, Marcel Proust décrit quelques endroits normands. Bien calfeutré dans sa voiture, il sillonnait les route. En Normandie, sa santé s’améliorait et il pouvait vivre ‘normalement’. En particulier le très beau temps de l’été 1907 soulage son asthme, prenons deux de ses étapes.

A  Lisieux, avec son taxi-chauffeur, Proust marche sur les pas de Ruskin,

Il veut revoir les détails de la cathédrale décrits par Ruskin.

(Son chauffeur, Alfred Agostinelli, que Proust surnomme ‘l’ingénieur’ a joué un rôle décisif dans la vie de Marcel).

– A Pont-Audemer, il aimait admirer les verrières de l’église Saint-Ouen située dans la rue principale. C’est un témoignage du flamboyant normand.

Les vitraux exceptionnellement bien conservés comptent parmi les richesses du département de l’Eure. (Certaines verrières sont des années 1950 signées Max Ingrand).

Témoignage de l’art du vitrail de la Renaissance, prenons par exemple la verrière Saint Nicolas réalisée vers 1556. Elle comporte 4 lancettes en plein cintre et un tympan de 7 ajouts et 8 écoinçons.

Imposante (et pourtant inachevée), l’église Saint Ouen réunit plusieurs styles, flamboyant normand, gothique et Renaissance. Commençons par la nef de sept travées avec une imposante ligne de piliers.

Les chapelles latérales sont de style gothique…

…admirons les détails tout en dentelles de la pierre taillée.

Le chœur, lui, est de style roman.

Appuyé sur des piliers en bois et au-dessus de l’entrée principale, l’orgue. Son l’origine remonte sans doute à la Renaissance.

Il possède un magnifique buffet en chêne richement sculpté.( XVIe).

Dans le département de l’Eure, Pont-Audemer est surnommée la Venise Normande.

Elles en ont profité pour faire une balade touristique et culturelle à travers les multiples venelles, ruisseaux et ruelles.

C’est une ancienne cité de tanneurs…

… avec entr’autres le travail de rivière, le séchage, le corroyage et le finissage.

En 1829, un sellier-harnacheur se présente chez Plummer riche tanneur-corroyeur à Pont-Audemer. C’est Thierry Hermès.

Le centre ville est typique du Moyen-Age.

Il garde de jolies maisons à colombages

Anciens séchoirs à peaux, hôtels particuliers, Pont-Audemer vit les pieds dans l’eau.

Elles n’ont pas manqué de goûter la spécialité pâtissière de la patrie de Gaston Lenôtre, le mirliton.

Petit plus

  • Le questionnaire de Proust.

Votre Louloute, qui, à l’instar de Proust, se couche de bonne heure, vous souhaite une bonne semaine.

En souvenir de Flanel.

LISIEUX et Sainte THÉRÈSE

Le nom de Lisieux est mondialement connu et intimement lié à Sainte Thérèse.

tableau de Ricardo Macarron exposé au Carmel.

Prenons la promenade au départ du Carmel, fondé en 1838, il abrita Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face de 1888 à sa mort en 1897.

– L’Ermitage, tout près du Carmel, cette demeure de style anglo-normand accueille les pèlerins.

– L’église St Jacques, de style gothique, ses travaux débutent en 1448. 

Elle a été désacralisée en 1965. C’est maintenant un lieu culturel.

Son intérieur est élégant et composé de trois nefs…

… des vitraux modernes ont été mis en place après la 2nde guerre mondiale.

… sans oublier le beau vitrail de la façade avec les anges et la coquille saint Jacques. 

– La cathédrale Saint Pierre, de style gothique normand, elle est l’un des rares monuments de Lisieux rescapé des bombardements de 1944.

Terminée au milieu du 13è siècle, trois tours la dominent (la tour-lanterne et les deux tours de façade).

Des feuillages, des colonnettes, des arcatures et quelques petits visages animent la pierre .

Deux orgues, un de tribune, de 1871 construit par A. Cavaillé-Coll… et un de nef.

La cathédrale était familière à Sainte Thérèse. Elle y a assisté aux offices pendant plus de 10 ans. Des plaques rappellent l’endroit où se tenait la famille Martin.

 C’est son père, Louis Martin, qui a offert le maître-autel (en 1888).

– La Basilique, elle domine la ville,

Sa construction débute en 1929, faisons le tour, d’abord côté Sud…

… et l’arrière avec l’emplacement des tombes de Louis et Zélie Martin, ses parents,

Bénie en 1937, consacrée en 1957, de style néo-byzantin, elle fait suite au Sacré Cœur à Paris, à Notre Dame de Fourvière à Lyon, et à Notre Dame de la Garde à Marseille.

La crypte est entièrement décorée de marbre et de mosaïques.

– Pèlerinage : Chaque année à l’occasion de la Sainte Thérèse, le 1er octobre, Lisieux fête sa ‘petite sainte’, ce sont les fêtes thérèsiennes.

Pour ceux qui sont intéressés par plus de détails sur la vie de Thérèse, sa basilique et ses parents, Flanel avait en septembre 2017 rédigé un billet documenté, cliquer sur le lien suivant… Sainte Thérèse de Lisieux

En souvenir de Flanel

Votre Louloute vous dit à la semaine prochaine.

Bonne et belle semaine…

Sainte Thérèse de Lisieux

Lors de mes voyages, comme j’habite près des sanctuaires de sainte Thérèse, souvent, on me demande des détails concernant la petite Thérèse de Lisieux. Je vais donc essayer de faire un petit mémento afin de situer les principaux évènements de sa vie en divisant ce billet en trois parties :
sa vie
– sa basilique
– ses parents

Sa vie :
2 janvier 1873 : jeudi à 22 h 30, naissance à Alençon. Elle est la dernière fille des époux Martin.

4 janvier 1873 : le samedi suivant, elle est baptisée dans l’église Notre-Dame d’Alençon (élevée au rang de basilique en août 2009 par le pape Benoît XVI). Sa façade est une véritable dentelle de pierre.

Thérèse, début mars 1873, tombe malade et le médecin préconise qu’on lui trouve une nourrice, la maladie ayant déjà rattrapé sa mère. Pendant 13 mois elle est confiée à Rose Taillé qui habite à Semallé à 8 kilomètres d’Alençon. [On peut désormais visiter cette maison].

Semallé

« Thérèse est vive, gaie et volontaire, c’est un petit lutin », disait sa maman. Sa joie de vivre réjouit la famille.
Boucles blondes et yeux bleus, la petite montre une intelligence précoce. (Réf. Histoire d’une vie, Thérèse Martin, par Guy Gaucher.)
Elle vit 4 années entourée d’amour et de tendresse à Alençon jusqu’au décès de sa maman en août 1877. À ce moment-là, son caractère change, elle devient timide, douce et extrêmement sensible.


En novembre 1877, pour se rapprocher de la famille Guérin, son père Louis, veuf, 54 ans, s’installe à Lisieux dans la maison des « Buissonnets ». Elle dira « comme elles ont passé rapidement les années ensoleillées de ma petite enfance ».


En octobre 1881, Thérèse entre à l’école des Bénédictines à Lisieux. « C’est la période la plus triste de sa vie » écrira-t-elle.
Le 13 mai 1883, Thérèse, qui était malade, est guérie par le « sourire de la Vierge » (la statue originale se trouve actuellement au-dessus de la châsse, dans la chapelle du Carmel de Lisieux).

8 mai 1884 : elle fait sa première communion dans la chapelle de l’abbaye des Bénédictines. (En juin 1944, ce Monastère est totalement détruit par les bombardements. Il est reconstruit entre 1954 et 1963.)
– 21 mai 1885 : elle fait sa communion solennelle.
En 1886, elle quitte l’école à cause de sa santé et son père lui fait suivre des cours particuliers.
Puis, suite à sa « conversion » de Noël 1886, elle veut entrer au Carmel. Ce qui lui est refusé vu son jeune âge.

Le 29 mai 1887, jour de la Pentecôte, elle essaie de convaincre son père qu’elle veut être carmélite.


Du 4 novembre au 2 décembre 1887, Louis Martin part avec deux de ses filles (Thérèse et Céline) en pèlerinage à Rome. Ils en profitent pour visiter les plus belles villes d’Italie. Au Vatican, le 20 novembre 1887, Thérèse parle au Pape Léon XIII et lui demande  l’autorisation de devenir carmélite. À Lisieux, pour que cette grâce soit accordée, les carmélites diront « on a prié à en casser les prie-Dieu ».
9 avril 1888 : (elle a seulement 15 ans) après une dispense, elle entre [enfin] au carmel de Lisieux.


Le 10 janvier 1889 : elle prend l’habit de carmélite. À cette occasion, elle descend la nef du Carmel au bras de son père, vêtue d’une robe de velours blanc à longue traîne, ses cheveux étalés sur ses épaules et couronnée de fleurs de lys. En rentrant en clôture elle s’aperçoit que la neige recouvre le jardin, ce qui fait son bonheur.


8 septembre 1890 : elle prononce ses vœux définitifs sous le nom de Thérèse de l’Enfant-Jésus.
Dès 1895 elle commence à rédiger « Histoire d’une âme » à la demande de la mère prieure.

30 septembre 1897 : à l’âge de 24 ans, Thérèse s’éteint au carmel de Lisieux, (après 18 mois de maladie, elle succombe à la tuberculose).
Son inhumation a lieu très simplement (il y a une vingtaine de personnes) dans le cimetière de Lisieux.

Au début des années 1900, des témoignages de guérison et de grâces arrivent de partout. De nombreux dévots viennent prier sur sa tombe.
En 1915, s’ouvre un procès apostolique. En 1921, elle est déclarée Vénérable.
Naissent ainsi les pèlerinages à Lisieux et viennent alors les exhumations.


Le 26 mars 1923, le cercueil de Thérèse est transféré à la chapelle du carmel.

29 avril 1923 : le pape Pie XI prononce la béatification de Thérèse.
17 mai 1925 : la canonisation a lieu à Rome. Le pape Pie XI préside les cérémonies qui rassemblent, dit-on, 500 000 personnes en présence de 33 cardinaux et 250 évêques.
– le 19 octobre 1997 : sainte Thérèse de Lisieux est proclamée docteur de l’Église, à Rome, par le pape Jean-Paul II, devant 60 000 personnes et en présence des réliques de la sainte.

Sa basilique :
Longueur : 95 m
Largeur de la nef : 30 m
Largeur du transept : 50 m
Hauteur sous voûte : 37 m
Hauteur sous coupole : 50 m
Hauteur du dôme : 95 m
Diamètre du dôme : 28 m
Superficie totale : 4 500 m2
Places assises : 3 000 (et 2 000 debout)
(et 40 000 personnes sur l’esplanade)

Après la béatification de Thérèse en 1923, le nombre de pèlerins ne cesse d’augmenter. Il progresse encore après la canonisation. En 1926, une rubrique dans les Annales est intitulée « Autour du projet de la Basilique ». Après divergences et plusieurs projets, il est décidé qu’elle sera construite entre le cimetière et la Carmel.
Le pape Pie XI avait demandé de « faire très grand et très beau, et le plus rapidement possible ».
Le 30 septembre 1929, on pose la première pierre. La pierre d’angle, la pierre symbolique est en marbre gris de Belgique. C’est le cardinal Charost, archevêque de Rennes, légat du Pape qui bénit la pierre et la scelle en incrustant une croix sur chacune des faces avec une truelle d’or à manche d’ébène. Un document officiel dont lecture a été faite est scellé avec la pierre.


La construction de la basilique fut une prouesse technique. Après tous les terrassements et préparations, on commence par la crypte. Elle est réalisée pendant l’hiver 1931-1932. Elle est entièrement recouverte de marbre et de mosaïques à la feuille d’or.
La voûte est couverte de blanc de Nîmes semée d’étoiles et de scintillements d’émaux d’or. C’est un joyau ! La crypte est inaugurée et bénie le 3 juillet 1932.

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De 1934 à 1937 c’est la construction de la basilique supérieure. Elle a la forme classique de la croix latine et est de style romano-byzantin.

La coupole extérieure est en béton armé revêtu de pierre de taille. La croix du dôme est en pierre blanche des carrières d’Euville (près de Verdun), elle mesure 1,70 m et pèse près d’une tonne. Elle a été posée en 1939.

Le campanile, resté inachevé, abrite 51 cloches (elles pèsent près de 16 tonnes). Le bourdon, une cloche en si bémol, atteint 9 tonnes. D’une grande qualité sonore, ce carillon figure parmi les meilleurs d’Europe. (Il est béni en 1948.)
La bénédiction de la basilique a lieu le 11 juillet 1937. C’est le légat du Pape, le cardinal Pacelli (le futur pape Pie XII), qui préside les cérémonies. Mgr Pacelli est un homme intellectuellement brillant et polyglotte, il célèbre la messe en français et fait un sermon de 55 minutes. À midi, la bénédiction est donnée à la T.S.F. par le pape Pie XI depuis Castel Gondolfo, (sa santé ne lui a pas permis de venir à Lisieux).


Le 11 juillet 1954 : c’est la consécration de la basilique (17 ans après, entre temps il y a eu la guerre, lors des bombardements, à la Libération, plus de 120 bombes sont tombées autour de la basilique). C’est le futur cardinal Martin, archevêque de Rouen, qui préside les festivités devant une foule de 100 000 pèlerins.

Ses parents :
Louis Martin (1823–1894) et Zélie Guérin (1831–1877) se marient à Alençon, le 13 juillet 1858 à minuit, selon la coutume de l’époque, en l’église Notre-Dame. Ils vivent à Alençon. Ils auront 9 enfants (7 filles et 2 garçons), 4 mourront en bas-âge. Leurs 5 filles seront toutes religieuses.

Zélie est née le 23 décembre 1831 à Gandelain (dans l’Orne). Son enfance ne fut pas heureuse. Elle écrira à son frère « mon enfance, ma jeunesse ont été tristes comme un linceul ». Elle a songé à devenir religieuse. Refusée par la supérieure de l’Hôtel-Dieu d’Alençon, elle apprend la confection de la dentelle au point d’Alençon où elle excelle rapidement, puis elle s’installe à son compte. Elle décède le 28 août 1877, à 46 ans, des suites « d’une tumeur fibreuse » au sein.

Louis, est né à Bordeaux le 22 août 1823. Vers 22 ans, il souhaite entrer dans la vie religieuse, ce fut impossible car il ignorait le latin. En 1850, il s’installe chez ses parents et exerce la profession d’horloger.
Il quittera son travail pour aider Zélie dans son entreprise.
Louis et Zélie vivent au quotidien une vie exemplaire, fervents catholiques sans être bigots.
De nombreux fidèles prient Louis et Zélie Martin.
À Rome, un premier miracle leur est attribué : un bébé, nommé Pietro, est condamné par les médecins. Avec ferveur ses parents prient les époux Martin et Pietro est miraculé.
Ils sont béatifiés à Lisieux le 19 octobre 2008 en présence d’une foule innombrable qui, très tôt le matin et dans le froid, avait fait le déplacement pour assister à cet évènement lexovien qui a rassemblé plus de 10 000 personnes.
Pendant la messe de béatification, Pietro et ses parents sont au cœur de la basilique. C’est un moment extrêmement émouvant, rempli de ferveur.

En 2013, une enquête est ouverte à Valence (en Espagne). Un deuxième miracle leur est aussi attribué. C’est celui de la petite Carmen. Le Pape autorise le décret de reconnaissance de guérison en mars 2015. Ils sont canonisés à Rome le 18 octobre 2015. Ils sont les premiers à être canonisés en tant que couple.
Le dimanche suivant, à Lisieux des cérémonies grandioses fêtent cet événement. C’est le cardinal Poupard qui préside la messe pontificale. La petite Carmen est présente.

 

Souvent au cours de mes voyages je retrouve la statue de Thérèse dans les églises que nous visitons. Une image me vient à l’esprit, c’est celle que j’ai vue dans la chapelle à Mayerling, près de Vienne en Autriche, tout près de l’Autel qui a été construit à l’endroit du lit où Rodolphe a été retrouvé mort (voir mon chapitre concernant Sissi à Vienne).

Voici aussi une photo de la statue de Sainte Thérèse que nous avons faite à Buenos Aires dans l’ancien archidiocèse de celui qui est devenu le pape François.


Quand on est en Normandie, il est toujours agréable de marcher dans les pas de Thérèse et de ses parents, à Alençon d’abord, en visitant par exemple sa maison natale où nous accueillent avec beaucoup de gentillesse les petites Sœurs de Sainte-Thérèse. Puis à Lisieux, où, plus particulièrement, en septembre/octobre, se déroulent les fêtes thérèsiennes).

Flanel Alencon

Je vous dis à bientôt pour de nouvelles promenades !