Avant de vous mettre en images le CERVIN (4 478 m), je me dois de vous raconter un peu de son histoire. Avant mon voyage, et pour bien le préparer, comme à l’habitude, j’ai compulsé pas mal de livres.
L’histoire du Cervin est intimement liée à Edward Whimper.
Au milieu du 19è siècle, le Cervin était peu connu et paraissait une montagne totalement inaccessible. Il n’inspirait que de la crainte. Il est encore réputé pour être un sommet difficile. Beaucoup de superlatifs le qualifient : de mythe et emblème des alpinistes à effrayant et singulier en passant par majestueux et symbole de la Suisse, il est connu dans le monde entier. Même si, quand nous évoquons le moment délicieux où nous l’avons découvert, on n’oublie pas que notre vedette est aussi dangereux : plus de 500 alpinistes y ont laissé leur vie.
Revenons à l’année 1865 : la plupart des aventuriers qui arrivaient à Zermatt, au début de l’alpinisme, étaient anglais. En 1857, une première ascension du Matterhorn est entreprise. Mais il faudra 18 tentatives avant la réussite.
Cette ‘première’ s’est passée le 14 juillet 1865 et la date est restée tristement célèbre.
A la suite de plusieurs circonstances, une cordée de sept personnes se forme sous l’impulsion de Whimper (qui est un ‘enragé’ du Cervin). Avec lui, il y a le guide Michel Croz, (son guide et ami).
Pour compléter notre hommage à Michel Croz qui était surnommé le guide des princes et le prince des guides, nous sommes allés dans son village près de Chamonix (Le Tour)
Puis, dans cette tentative, il y a également le révérend Hudson accompagné du jeune Douglas, Mr Hadow et les guides de Zermatt, les Taugwalder père et fils.

Très tôt, ce 14 juillet, la cordée entreprend l’ascension par l’arête du Hörnli (en rouge sur la photo ci-dessous)
Le temps est splendide. La fin de l’ascension se passe comme une course folle. Après huit années d’essais, le Cervin est enfin vaincu, le sommet leur appartient. Whimper, dira à Michel Croz « one crowded hour of glorious life – une heure bien remplie de vie glorieuse – ».
Ils restent tous au sommet environ une heure, laissent une bouteille avec leurs noms sur un papier à l’intérieur, puis ils déterminent leur ordre dans la cordée de descente.
Michel Croz aide le jeune Hadow (c’est le moins expérimenté et le plus mal chaussé). En observant bien les chaussures, on s’aperçoit facilement que celles de Mr Hadow n’étaient pas vraiment équipées pour la haute montagne.
Quand ce dernier glisse il entraîne le guide dans le vide ainsi que Hudson et Douglas. La corde ne supporte pas l’effort et se rompt.
C’est ainsi que les deux Taugwalder et Whimper, situés au-dessus de la rupture de la corde, ne sont pas entraînés dans la chute. Après l’accident, les trois survivants sont longuement paralysés par la terreur. Après de très longues minutes, très angoissés, ils continuent leur descente mais la nuit tombe vite et ils dormiront à 4 100 m d’altitude.
Le lendemain, à leur retour à Zermatt, ils annoncent la terrible nouvelle. Le 17 juillet une équipe part à la recherche des victimes. Trois corps sont découverts sur le glacier du Cervin ainsi que des objets appartenant à Mr Douglas, son corps, lui, n’a jamais été retrouvé.
Les corps rapatriés à Zermatt, sont enterrés au cimetière catholique.
Actuellement deux tombes rappellent les deux Anglais (Hadow et Hudson) ainsi qu’une stèle pour Michel Croz avec une épitaphe écrite par Whimper.

Au musée Matterhorn-Zermantlantis, c’est avec émotion que nous avons observé attentivement « les reliques » de cette tragédie.
Tout d’abord, une partie de la fine corde que Whimper avait ramenée avec lui.
Puis le livre de prières du Révérend Hudson
Et aussi le chapeau et le chapelet de Michel Croz (très émouvant).
Même mon nom était dans une vitrine au Matterhorn-Zermatlantis….
Les survivants ont vécu différemment l’après de cet accident mortel.
– Peter Taugwalder, le père (1820-1888), s’expatrie -très marqué par la tragédie- en Amérique. Il revient finalement en Suisse et il y meurt..
– Peter Taugwalder, le fils (1843-1923). Dans sa vie il gravira près de 120 fois le Cervin (il était surnommé le Peter du Cervin). Ils sont enterrés à Zermatt.
Matthias Taugwalder, a fait des recherches sur cet accident.
– Edward Whimper (1840 – 1911), dessinateur, graveur, alpiniste et écrivain, travaille avec son père à Londres. Ce dernier l’envoie dans les Alpes pour esquisser des paysages. Les sommets l’attirent irrésistiblement et il fera un grand nombre de ‘premières’.
Après la tragédie du Cervin, il part au Groëland et dans les Andes. En 1874 il revient au Cervin.
Dans la rue principale de Zermatt, au sol, des plaques commémoratives nous conduisent jusqu’à l’hôtel Monte Rosa où E. Whimper avait ses habitudes



Edward Whimper meurt, en septembre 1911 à Chamonix (d’une crise cardiaque). Il est enterré au cimetière du Biollay.
A la semaine prochaine.
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